Ce matin-là, en ouvrant les yeux, Elysa n'entendit pas le ronronnement du moteur des avions. Elle n'entendit pas non plus ses équipiers se vanner sur le déroulement de la dernière mission qu'ils avaient effectués ; ni la voix insupportable du commandant qui leur ordonnait de filer à l'entraînement. Plus de détonations sourdes provenant du centre d'entraînement d'en face. Rien de tout cela. En ouvrant les yeux, Elysa se sentit incroyablement seule. Le bâtiment était calme, bien trop calme à son goût. Le silence avait imprégné les murs de sa chambre, plongeant l'aviatrice dans un profond malaise. Celle-ci tourna lentement la tête, cherchant des yeux son petit réveil qui ne daignait toujours pas sonner. Elle soupira quand elle découvrit finalement qu'il n'était que quatre heures trente. La pilote avait beaucoup de difficultés à s'habituer à la vie "normale". C'était la première nuit qu'elle passait dans l'enceinte de cette académie, et le changement de mode de vie était fort déstabilisant... Mais c'est une Elysa déterminée qui prit la décision d'aller faire un peu de sport. Elle se leva donc, quittant son lit douillet alors qu'elle ébouriffait ses cheveux en bataille. La jeune femme avait l'air d'une vraie sauvage avec sa petite tignasse verte indisciplinée et son expression renfrogné. C'est avec une flegme matinale qu'elle parti en direction de la douche pour y ressortir un quart d'heure plus tard avant de se vêtir avec hâte. L'elfe opta pour un short noir malgré qu'il fasse plutôt froid au-dehors ainsi qu'un tee-shirt à manche longue, noir également, où était imprimé au centre un tigre à l'allure menaçante qu'elle surplomba de sa petite veste en cuir. Elysa attacha la sangle de la petite ceinture qu'elle mit autour de sa cuisse pour y ranger son Meg' de service et enfila ses bottes. L'aviatrice coiffa rapidement ses cheveux même si elle décida de les laisser sécher à l'air libre. Une fois prête, elle pensa à préparer un petit sac-à-dos où elle y rangea une bouteille d'eau et une longue veste au cas où le froid deviendrait handicapant.

En sortant de l'académie, Elysa fut très vite prise d'assaut par un vent fort et glacial. Mais elle ne fit pas demi tour pour autant et se mit à courir, commençant ainsi son petit entraînement matinal. Elle allait en direction de la plage, bien qu'elle se doutait qu'au bord la mer, le vent soufflerait beaucoup plus fort. Il n'y avait personne dans les rues. Le ciel était encore sombre et semblait envelopper l'île dans une profonde léthargie. La jeune femme n'entendait que le bruit de ses pas qui foulaient le sol à une allure rapide et rythmée. Elle ne mit pas bien longtemps avant d'atteindre la plage mais ne s'aventura pas dans le sable , préférant rester pour l'instant sur le trottoir qui délimitait la plage au reste de l'île. La pilote continua sa course pendant un long moment encore avant qu'elle aperçoive, au loin, une silhouette assise sur le sable. Elle fut quelque peu surprise : quelqu'un était debout à cette heure-ci ? Alors qu'il faisait froid et que le vent menaçait ? Guidée par la solitude qui la tiraillait depuis ce matin, l'aviatrice vint à la rencontre de cet inconnu. Elle quitta alors le trottoir et foula le sable. Ses cheveux virevoltaient en tous sens et elle dû se faire violence pour arriver devant cette personne qui avait choisi de se lever très tôt. Arrivée devant l'inconnu qui était en réalité un jeune homme d'environ dix-sept ans, les yeux nocturnes d'Elysa détailla le visage du blondinet qui lui semblait familier. Elle était postée devant-lui sans aucune gêne, et se pencha légèrement vers lui en le dévisageant durement. C'est à cet instant que lui revint en mémoire le visage d'un garçon qu'elle avait connue il y a quelques années. Estomaquée par cette ressemblance plus que frappante, elle tenta de rassembler les quelques souvenirs qui lui restait de ses années de collège. Un blond aux yeux verts, teint hâlé, qui ne quittait jamais ses cartes. Impossible de se souvenir de son nom. Mais elle savait qu'il était russe, elle se souvenait de ce petit détail car il ne cessait de le revendiquer.

Elysa n'était sûr de rien dans l'instant présent. De plus, elle avait du mal à garder les yeux ouverts avec ce vent tonitruant qui hurlait à plein poumons. Mais s'il s'avérait qu'elle avait raison ? Comment réagirait-elle ? Bien qu'il demeurait uns de ses anciens amis proches, elle n'avait pas oublié la façon dont il l'avait laissé tomber comme si elle n'était qu'un vulgaire animal de compagnie. Pour ça, la pilote lui en voulait terriblement, et ce même après toutes ces années qui s'étaient écoulées.